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Interview de d’ Eric POUJADE (2ème partie)

Eric POUJADE

A 31 ans, le gymnaste Eric Poujade est à la tête d'un palmarès impressionnant. Médaillé d'argent aux Jeux Olympiques de 2000, champion du monde en 1999, champion d’Europe en 1998 ainsi que de multiples titres nationaux glanés entre 1994 et 2000. Après avoir marqué de son empreinte l’Histoire de la gymnastique française, Eric Poujade vit aujourd’hui pleinement sa reconversion. Pour Sport-avenir, il revient sur ses moments de gloire, de doute ainsi que sur sa vie post-compétition.

 

1- Ce succès à Sydney va rimer avec votre reconversion. Comment avez-vous abordé cette nouvelle étape dans votre vie ?

Je l’avais préparé après ce qui m’était arrivé à Atlanta. Depuis 1997, j’avais pris les devants pour bien préparer ma reconversion. J’étais avec France Télécom mais malheureusement il y a eu quelques problèmes. Je crois que le suivi psychologique d’un sportif de haut niveau dans sa reconversion est assez limité, il y a trop de laissés pour compte. Une fois votre carrière finie, on vous laisse seul sans réellement vous suivre. Un sportif de haut niveau a besoin d’être soutenu pour l’aider à restructurer sa vie hors compétition et hors système sportif, ce qui n’est pas évident. On est baigné dans ce système depuis l’âge de 8 ans et je ne crois pas qu’il corresponde à la réalité de la vie. Ce n’est pas un problème financier mais ça concerne des choses qui apparaissent simples et évidentes pour tout le monde. Je ne parle pas seulement de mon cas, de manière générale il y a un besoin d’une cellule ou d’une structure qui accompagne les sportifs de haut niveau les deux ou trois années après l’arrêt de leur carrière. Dans les textes c’est écrit, mais en pratique… Alors bien sûr il y a certains sportifs qui grâce à leur notoriété et leur médiatisation vont réussir à se reconvertir mais dans des sports où il y a une dose d’entraînement importante ou dans les sports qui ne comptent que sur les JO pour rencontrer du monde et multiplier les contacts, on est un peu laissé pour compte. Et encore, on peut parler de ceux qui réussissent dans ces sports là mais imaginez les dix qui suivent derrière, c’est encore pire ! Eux ne passent pas à la télé, ne gagnent pas spécialement de médailles mais sans eux on ne fait pas de sport non plus. Ayant trois ans de reconversion et m’étant débrouillé tout seul, je trouve que c’est loin d’être évident. Mais je n’ai pas à me plaindre car j’ai pu préparer cette reconversion mais imaginez ceux qui s’arrêtent sur une blessure… Donc je dirai que sur la reconversion il reste de gros efforts à faire.


2- Pouvez-vous nous parler de votre nouveau rôle au sein de la fédération internationale de gymnastique ?

Je n’exerce pas vraiment de fonction, c’est plus un titre honorifique. La présidente Eva Serrano est déjà plus présente mais ca reste plutôt marginal. En même temps, lors des premières réunions qui ont été faites avec la fédération internationale, on avait soumis certaines choses que les sportifs ressentaient et c’est vrai qu’ils en ont tenu compte. Dès le départ on a été très agréablement surpris parce qu’ils écoutaient ce qu’on avait à leur dire au niveau des compétitions. Ils avaient un nouveau format de compétition à mettre en place et ils nous ont alors demandé notre avis. Ca s’est un peu essoufflé ensuite parce qu’on s’occupait tous à côté de notre reconversion et on ne pouvait pas s’investir dans ce domaine là.


3- Avez vous gardé des contacts avec d’anciens gymnastes que vous côtoyiez en compétition (Patrice Casimir…) ?

Oh oui, avec Dimitri, Thierry Aimes, Sébastien Tayac… Souvent mon club d’Orléans m’invite en compétition et donc on se retrouve à ces moments-là.


4- Pensez-vous que la France peut espérer une, voire, plusieurs médailles en gymnastique aux prochains JO d’Athènes ?

Je pense qu’une médaille est possible. Après, ca dépend du comportement des garçons. C’est difficile parce que depuis 2000 il n’y a jamais eu d’équipe aussi forte et pourtant ils sont toujours à la porte : 4e, 5e… Et le problème c’est qu’une médaille olympique se prépare en amont. Prenez mon exemple aux JO de Sydney, entre Urzica (NLDR : médaillé d’or) et moi, on était pareil au niveau du mouvement ça ne s’est pas joué sur une faute de jambe mais sur l’ensemble de la saison, ce que je trouve normal puisque j’étais absent juste avant les JO. Là, le problème c’est que des médailles, il n’y en a pas eu… Mis à part sur la barre fixe où ça se joue surtout au moment de la compétition, il faut que l’équipe fasse une grosse saison avant le début des JO. C’est à dire qu’il faut gagner des médailles au championnat d’Europe et marquer des points aux tournois… Sinon j’ai été agréablement surpris par la petite aux barres asymétriques (NDLR : Gaëlle Richard) qui peut faire quelque chose aux prochains JO. Chez les garçons il y a aussi de la place, mais ça fait trois ans qu’il y a de la place…


5- La gymnastique a toujours souffert, même pendant que vous étiez en activité, d’un manque de médiatisation, selon vous pourquoi la presse s’intéresse si peu à ce sport ?

Là où je ne suis pas d’accord c’est qu’on fait des résultats tous les quinze ans, le problème est là. Si on prend la décennie qui vient de passer, on passait je ne sais combien de fois à la télé parce qu’il y avait des victoires et maintenant, il n’y a plus de résultats, c’est ce qui fait la non médiatisation de la gym. Avant on passait les finales des JO et maintenant on ne le fait plus, c’est lié aux résultats. Si on poursuivait la décennie qu’on a eu deux ou trois fois de suite, on aurait une autre médiatisation que celle que l’on a actuellement.


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